Emmaüs, à l’ombre de l’Abbé Pierre

Enquête dessinée pour la Revue Dessinée, avec la journaliste Marie Pragout

« Je ne peux pas t’aider mais, toi, tu peux m’aider à aider les autres ».

En novembre 2019, cela fera soixante-dix ans que l’abbé Pierre a prononcé son célèbre appel et créé la première communauté Emmaüs. Aujourd’hui encore, les plus fragiles le savent : chez Emmaüs, ils auront un toit, un travail et un pécule. À leur arrivée dans l’une des 119 communautés, les compagnons chiffonniers s’engagent à ne recevoir aucune allocation de l’État.

Pour de nombreux précaires, Français ou sans papiers, ces communautés, souvent rurales, apportent un répit non négligeable. Quid de la sortie en revanche ? Le pécule mensuel, 350 euros, le manque de perspectives d’insertion ou de formation, l’isolement géographique et la vie communautaire forment petit à petit un piège. Sans parler d’un management pathogène plusieurs fois épinglé.